La génèse de la pierre de Bourgogne
Trois évènements majeurs permettent de comprendre à la fois le paysage actuel et la répartition des roches de la Côte
1. Le dépôt des sédiments
se fait au cours d’une période de temps appelée Jurassique, entre 180 et 150 millions d’années. La Bourgogne est alors sous les tropiques, et le relief est inexistant. Une mer peu profonde s’étend à perte de vue. Ces eaux chaudes sont propices à la précipitation de calcaire, qui s’accumule en lits successifs. Différents types de sables calcaires se déposent sous l’action de la houle, des marées, des tempêtes, alors que des vases s’accumulent dans un lagon protégé des vagues. Ces sédiments deviendront au cours du temps des roches compactes.
2. La création du relief actuel
se produit au cours d’une période de temps appelée Oligocène, entre 34 et 23 millions d’années, pendant laquelle une intense activité tectonique, séisme après séisme, va provoquer l’effondrement progressif de ce qui est aujourd’hui la plaine de la Saône, et l’émergence conjointe de ses bordures, les reliefs de la Côte à l’Ouest et du Jura à l’Est. La création de ce relief se produit en domaine continental mais toujours sous un climat tropical.
3. Les vallées perpendiculaires à la Côte (ou « combes »)
se creusent et les versants sont plus ou moins fortement recouverts de dépôts d’éboulis ou de colluvions au cours de la période quaternaire, depuis 2,4 millions d’années.
Le Comblanchien Clair résulte d’une vase quasi dépourvue de fossiles ou de grains de sable, le Comblanchien LM s’est déposé dans un lagon très calme avec quelques débris de fossiles ou de coraux encroûtés par des algues, alors que le Comblanchien Moucheté montre des traces d’une intense activité biologique. La vie s’est pleinement développée dans ce vaste lagon : des gastéropodes, des huîtres, des crustacés, des oursins, des étoiles de mer, et même une partie de squelette de crocodilien ont été retrouvés) dans les Calcaires de Comblanchien.



Les Calcaires de Dijon-Corton correspondent à un environnement marin différent, très agité et non plus protégé. Ils résultent du dépôt de sables sous l’action de tempêtes. Les sédiments sont constitués de grains de calcaires, de débris d’organismes marins, de fragments de coquilles, d’oolithes (grains sphériques).
La couleur dorée, souvent agrémentée de marbrures rosées, est due à la présence en très faible quantité d’oxydes de fer, formés par circulation de l’eau dans les fissures de la roche, d’où les effets de « pelures d’oignons » de certaines plages roses.
Terroir d'exception



En plus de sa qualité marbrière exceptionnelle, la pierre de Comblanchien est étroitement associée au coteau où s’étendent les célèbres vignobles des Climats de Bourgogne. Le secteur d’exploitation des carrières, connu sous le nom de « Côte des pierres », se situe juste à la charnière entre la Côte de Beaune au Sud et la Côte de Nuits vers le Nord. En s’altérant au cours des ans, les Calcaires de Comblanchien ont donné des sols très minces, riches en argiles et en pierres calcaires, propices à l’expression du terroir dans les vins. La roche est très largement présente sous les vignes, depuis Meursault jusqu’au pied de la butte de Corton en Côte de Beaune ; et de Nuits-Saint-Georges à Marsannay en Côte de Nuits. Les grands crus de Vougeot (dans sa partie haute), des Charmes-Chambertin (dans sa partie basse), le Chambolle-Musigny premier cru Les Amoureuses reposent en partie sur les Calcaires de Comblanchien. Les climats de Bourgogne traduisent ainsi le lien étroit entre la pierre et les qualités remarquables et spécifiques des vins de Bourgogne.